Et bien, on pourra me dire ce qu’on veut de la collection Gore, on pourra blâmer ses couvertures criardes et sanguinolente, la qualité relative des textes publiés… Pour ma part, c’est le sixième titre de la collection que je lis et c’est le sixième titre que j’apprécie ! Il est vrai que j’ai abordé cette collection de manière prudente, choisissant des auteurs que j’appréciais par ailleurs (Andrevon, Arnaud), mais ici, je viens de découvrir un auteur dont j’ignorais tout, si ce n’est que, malgré un pseudonyme anglo-saxon, il s’agit d’un français. A ma connaissance Stephan Anderson n’aurait écrit que ce seul roman… J’ai du mal à le croire, tant celui-ci est maîtrisé. Peut-être ce nom cache-t-il un écrivain bien connu qui a préféré se cacher ? Brice Pelman es-tu là ? Cela ne m’étonnerait qu’à moitié… En tout cas Sanguinaire engrenage est un roman qui sait à la fois correspondre exactement à ce que l’amateur attend d’un roman de la collection Gore (du sang, des boyaux, de la rate et du cerveau…) et qui sait en même temps surprendre le lecteur, avec un humour noir, une ironie constante et un sens de la transgression catharsique parfaitement assumé. On se plait à voir ce héros cynique, sans aucun état d’âme, tomber dans cet engrenage sanguinaire dans lequel, on le devine, il se voit vite obligé de commettre un autre crime pour couvrir le précédent. On se plait à se voir décrire la relation étrange qui se noue entre lui et sa vieille fille quinquagénaire, Mademoiselle Rose qui lui sert de voisine. Une relation aux dialogues courtois et compassé, entrecoupée par des épisodes sexuels qui frisent la débauche totale. Comme si on passait d’Harlequin à Marc Dorcel.
Mon verdict est sans appel : du grand art. Ce roman se prend à la première ligne et ne se lâche qu’à la dernière. Pour l’instant ma meilleure découverte dans ce collection finalement pas si peu recommandable que cela.
Ma note : 9/10