jeudi 8 janvier 2009

Cooper, Edmund - Le jour des fous (All fools' day) - Marabout Science-fiction, 1971 (année de la version originale : 1966)

Juillet 1971. C’est l’été, il fait chaud. Le soleil est sur toute l’angleterre. Mais le soleil ne se contente pas d’envoyer ses rayons habituels, mais aussi des radiations d’un type nouveau. Ces dernières poussent, jour après jour, la population du monde entier au suicide. Au fil des années, la situation se dégrade, c’est peu à peu l’hécatombe, comme toutes les nations, l’Angleterre perd ses forces vives, la société se désagrège. D’autant que les seuls survivants semblent être les gens anormaux. Les fous, les artistes, les scientifiques… bref tout ceux dont le cerveau fonctionnait déjà en dehors des schémas de la normalité. Dans ce monde déstructuré, en proie à la violence et à la folie des hommes. Gréville, loup solitaire, essaie de survivre. Il se pense normal, mais est-ce vraiment le cas d’un homme qui a tenté de se tuer lui et son épouse Pauline dans un accident de voiture sur le pont de Chelsea, à Londres ? Elle morte, il a survécu, et a assisté avec une certaine indifférence à la désagrégation d’un monde qui a perdu tout sens. Un jour de pèlerinage sur le pont de Chelsea, il rencontre Liz, une jeune femme poursuivie par une meute de chiens sauvages qu’il sauve d’une mort certaine. Cette dernière, échappée d’un esclavage sexuel recherche sa sœur jumelle, Jane. Gréville la ramène dans son repère. Bientôt, deux solitudes vont s’unir. Et l’amour naîtra, mais cela a-t-il encore un sens dans un tel monde ? D’autant que Liz n’a pas abandonné le projet fou de retrouver sa sœur… quitte à chercher une aiguille dans une botte de foin.
Le romancier britannique Edmund Cooper (1926-1982) a été peu traduit en français. Bien qu’ayant relativement peu écrit (une centaine de nouvelles et sept romans), il joui d’une bonne réputation du côté anglo-saxon où « Le jour des fous » est considéré comme son roman le plus important. Tout comme bon nombre de ses écrivains de science-fiction compatriotes, il donne dans le roman catastrophe. Dans la lignée de H.G. Wells ou de John Wyndham, il signe avec ce roman un récit post-apocalyptique saisissant et étonnant, encore aujourd’hui, à plus d’un titre. D’abord on sera surpris par la violence crue et pourtant jamais gratuite de ces pages, l’auteur s’efforce de rendre son monde sans sens crédible et évocateur. Ensuite, les ruptures de rythme du roman, la sensation de perdition et de vagabondage des personnages impriment une marque résolument moderne à ce roman pourtant déjà vieux de plus de quarante ans. Et puis surtout, Edmund Cooper ne fait pas seulement de la science-fiction mais signe une grande histoire d’amour désespérée, et les quelques chapitres plus calmes au centre du roman, qui raconte la vie que Liz et Gréville mènent seuls dans leur repaire doré sont tout simplement magnifiques. Cooper se sert habilement de son contexte (un monde fini, à bout de souffle) pour décrire aux mieux les sentiments d’amour naissant entre ses personnages. Ce n’est jamais mièvre, jamais niais, c’est sombre et beau, romantique, au sens le plus noble du terme.

La dernière partie de l’aventure tient plus du roman d’action, plus conventionnel, pourrait-on dire même si elle ne dépare pas ce magnifique roman. Un grand œuvre, méconnue du lectorat français qui a été réédité tout récemment (octobre 2008) par les éditions Terre de brume.
Ma note : 9/10

2 commentaires:

  1. Apparemment cette édition - qui est aussi celle que j'ai lue - n'est pas complète, ou a été en partie censurée. D'où la réédition chez Terre de Brume (que je n'ai pas lue, donc je ne sais pas quel est son apport par rapport à l'édition Marabout).

    Je signale, puisque tu en parles dans ton post, que Terre de Brume a également réédité "Le jour des Triffides" de John Wyndham, roman essentiel pour tout fan de littérature-catastrophe qui se respecte !

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  2. J'adore ce livre que j'ai lu plusieurs fois. C'est un grand bouquin de SF, sans doute le meilleur de l'auteur.
    INDISPENSABLE !

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