jeudi 11 décembre 2008

Brussolo, Serge - Le château d'encre - Denoël, Présence du futur 453, 1988

Le château d’encre, c’est une maison dans laquelle la nuit ne se dissipe jamais. C’est là où vivent un jeune garçon, sa grande sœur et leur mère. Le garçon regarde le monde à travers la lucarne du grenier, un monde qui s’est adonné à une étrange pratique. Les gens se déplacent désormais avec leur ombre, créature flasque, greffée à leur talon qu’ils traînent derrière eux et dans laquelle leur corps rejette tous les microbes, virus et autres toxines. Impossible de résumer mieux un livre totalement inénarrable à la construction aussi poétique que mystérieuse. Est-ce là une fable platonicienne sur notre rapport au monde ? Une autobiographie déguisée ?
Quoiqu’il en soit, Le château d’encre est peut-être à la fois une des œuvres les plus méconnues de Brussolo mais également, délicieux paradoxe pour un écrivain populaire, une des ses plus belles ! D’entrée de jeu on sait que l'on est dans la veine poétique et fabulatrice du « Syndrome du scaphandrier » ou de « Mange-monde », avec un zeste de « Ma vie chez les morts » pour l’admirable description des rapports complexes entre une mère et son fils. C’est un récit avant tout amusant, tant il ressemble à une accumulation d’idées absurdes s’appelant les unes les autres, mais aussi extrêmement émouvant dans la description de la vie quotidienne de cette famille pas comme les autres, dans l’évocation du temps qui passe et de la perte de l’innocence de l’enfance. Le château d’encre est un livre de rage aussi tant la violence interne du personnage principal est grande, un livre de désespoir tant sa situation, son rapport au monde, semble le vouer à une damnation irrémédiable. On referme le livre troublé, sentant qu’on vient d’achever un livre rare, fragile, qui nous a fait toucher du bout des doigts une bien étrange métaphysique de l’absurde.
Ma note : 11/10 (si, c'est possible!)

1 commentaire:

  1. C'est un vilain défaut que de me fier à la note, avant de lire la critique. Puis, ce petit résumé et vos impressions ("émouvant", "amusant", "absurde", "poétique") titillent ma curiosité... sans parler de l'illustration de couverture. Je le commande illico !

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